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S’affranchir du matériel

Writer's picture: Gertrude Joseph EmileGertrude Joseph Emile

Updated: 1 day ago


"Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni la teigne ni la rouille ne détruisent, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent."

Octobre est un mois particulièrement difficile pour moi, surtout quand l’anniversaire de la mort de ma mère approche. Les souvenirs affluent dans ma mémoire, riches des enseignements que cette femme nous a inculqués, malgré ses limitations. Aujourd’hui, au lieu de céder à la tristesse, je veux partager avec vous l'une des leçons apprises que j’espère pouvoir vous aider à voir la vie d’une autre façon et vous détacher des choses temporelles.

 

Un réveil brutal

Le 24 décembre 1991, vers 6 h du matin, un bruit inhabituel a interrompu le silence de notre quartier. Comme la chambre de ma mère se situait au rez-de-chaussée, elle se précipita vers la fenêtre de notre chambre à l’étage pour en identifier la source. Elle fut saisie de frayeur en découvrant les flammes s’échappant de la maison de nos voisins. 


D’une voix d’alerte, elle nous réveilla brusquement. « Au feu! Réveillez-vous! » Malgré la panique, ma mère a gardé son calme. Elle a crié quelques instructions à sa sœur au sujet de ma grand-mère, puis elle est partie en coup de vent vers sa chambre pour sortir le tiroir de sa grande commode qui contenait les « archives » familiales. Avant de quitter la maison, elle jeta un dernier coup d’œil autour d’elle. Elle vit son armoire antique, remplie de vaisselle et d’argenterie précieuse qu’elle voulait léguer à ses enfants, ses meubles soigneusement entretenus et ses belles plantes. Tout cela allait être perdu, mais il n’y avait pas de temps pour les regrets.


Pendant ce temps, ma tante, accompagnée d’un cousin venu nous rendre visite, prit soin d’aider ma grand-mère non-voyante à quitter la maison. Ma sœur emporta sa machine à coudre. Moi, encore étourdie par le sommeil, je me dirigeai vers la rue pour rejoindre les autres, en pyjama et pieds nus.


À l’extérieur, la scène était chaotique. Les voisins s’efforçaient de maîtriser les flammes, mais les pompiers, bien que proches, tardaient à arriver sur les lieux. En quelques minutes, notre maison était engloutie par les flammes. 

Ce lieu, qui jadis abritait des souvenirs d’enfance, des éclats de rire pendant les repas et les réveillons de Noël, n’était plus que décombres.

 

L’après



La famille regardait, impuissante, les flammes consumer la maison. Une étrange sensation de vide s'installa en moi. Ce n’était pas seulement une perte matérielle. Chaque élément, qu’il s’agisse d’un meuble, d’un objet ou d’un recoin, racontait une histoire, un souvenir...


Dieu merci, une amie de ma mère nous a ouvert ses portes. Vu le nombre, elle ne pouvait pas nous héberger tous. Ma mère, ma tante et ma grand-mère sont donc restées chez cette dame, tandis que mon frère, ma sœur et moi avons emménagé chez une autre amie de la famille. Des amis nous ont offert des vêtements, de la nourriture ce qui, dans ce contexte, était très apprécié. Les premiers jours étaient difficiles. Comment se relever après une telle catastrophe ?


Maman nous a rappelé que la vie continuait. Nous étions vivants, sains et saufs. C’était l’essentiel pour elle.


Recommencer à zéro



Les jours et les mois passaient. Il n’y avait plus de maison, plus de possessions. Nous avons dû partir à zéro. Les biens matériels, bien qu’indispensables pour le bien-être, ne sont certes pas nécessaires à notre bonheur. J’ai découvert qu’en nous concentrant sur des choses passagères, nous nous éloignons de l’essentiel. Nous avons recommencé, en nous appuyant sur des bases plus solides : la foi et l’amour inconditionnel.


« Ne vous amassez pas des trésors sur la terre... mais amassez-vous des trésors dans le ciel. » À travers cette perte considérable, nous avons une perspective différente  sur la vie car ma mère resta stoïque tout le long. Elle a montré une richesse intérieure indestructible: s’affranchir des choses temporelles pour chérir des valeurs éternelles.


Marie Elia Ménard - Séraphin

Directrice des communications de L'Église adventiste

du septième jour francophone d'Ottawa

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